Je n'ai lu que le premier tome de la saga "L'amie prodigieuse" juste d'ailleurs avant de voir la série télévisée qui lui était consacrée et qui était séduisante notamment par
la reconstitution historique.
Ce nouvel ouvrage de la mystérieuse Elena Ferrante était donc l'occasion d'en apprendre plus sur l'univers de cette auteure.
Une période de transition que ce passage de l'adolescence à l'âge adulte où pour Giovanna tout s'effondre lorsqu'elle entend son père dire qu'elle est laide.
Elles se croyait belle, elle est laide et donc déteste ce corps en devenir, elle a de gros seins... Elle croyait que ses héros, son père et sa mère, étaient un couple solide qui s'aimait, en fait
elle découvre que son père a une liaison avec la meilleure amie de la famille et qu'elle a des demi-soeurs. Elle ne savait pas qu'elle avait une tante, zia Vittoria, soeur de son
père une mègère selon lui et il lui fait l'affront de dire qu'elle lui ressemble, elle n'aura de cesse de faire sa connaissance et ainsi découvrir la partie pauvre de sa famille qui vit dans
les bas quartiers de Naples et donc une histoire familiale houleuse et nourrie de conflits anciens qui vient un peu plus entamer ses certitudes de jeune bourgeoise. Le désir la
taraude, elle fait quelques expériences peu convaincantes et tombe amoureuse de Roberto qui la séduit pas sa capacité à écouter et sa hauteur de vue mais il est destiné à une autre.
Camouflet pour ses parents enseignants, elle travaille peu en classe et redouble, mais elle lit beaucoup, athée comme son père en réaction elle se met à lire les évangiles, lecture
recommandée par Roberto pour qu'elle puisse se rapprocher de lui au travers de discussions sur la religion. Hélas Roberto est fidèle.
Un bracelet représente une sorte de fil rouge et chaque fois qu'il change de bras il apporte son lot de révélations qui permettent de décrire le mal être de Giovanna dans son passage
vers l'âge adulte, il est aussi ce révélateur que la vie adulte repose sur des mensonges ou des vérités cachées. Giovanna réussira t'elle à s'affranchir de cette vie formatée dans laquelle
chacun autour d'elle souhaite l'enfermer pour réussir à gagner sa liberté ? Le dernier chapitre où elle se donne pour devenir femme le laisse entrevoir car c'est aussi le passage vers un autre
ailleurs..
J'ai aimé cette capacité de l'auteure à se mettre dans la peau de cette jeune fille-femme et de nous faire vivre avec elle au gré de ses émotions, de ses pulsions, de ses interrogations, un
style très particulier notamment dans la description de ces mammas italiennes comme Vittoria, au vocabulaire cru, direct et provoquant, d'une société pleine d'interdits dans les rapports
hommes-femmes liés à la religion et au statut social mais transgressés quotidiennement.
Je reste toutefois sur ma faim car l'histoire aux situations répétitives et sans doute influencée par la torpeur napolitaine n'avance qu'à pas comptés.
Elena Ferrante - La vie mensongère des adultes - Gallimard - 308 pages- 2020 - 22€