Réussir à passionner avec des histoires individuelles parallèles qui ne devraient pas se rencontrer mais que le hasard de la guerre va se faire croiser un instant est tout simplement prodigieux….
Au fil de chapitres courts, rythmés et alternés Toute la lumière que nous ne pouvons voir suit le destin de deux adolescents, otages de leur époque. Le premier, Werner Pfennig, est un orphelin allemand aux cheveux blancs, qui devrait travailler dans les mines de la Ruhr mais qui est un prodige de la radio parvenant même à capter de lointaines émissions en français. Il sera enrôlé dans la Werhmacht pour repérer les émissions clandestines et finira par parvenir en France à Saint Malo.
La deuxième est Marie Laure, fille du serrurier-bricoleur du Muséum d’histoire naturelle à Paris, elle est aveugle et son père réussit à la rendre autonome grâce aux maquettes précises qu’il réalise. Ils fuiront les allemands pour se retrouver à Saint Malo emportant un secret caché. C’est à Saint Malo sous les bombes des bombardiers américains et assiégée en août 1944 qu’aura lieu leur brève rencontre rendue d’ailleurs possible par les ondes radio…
"La lumière que nous ne pouvons voir, cela renvoie bien sûr aux ondes radio", a écrit Anthony Doerr. "Mais avec ce roman, je souhaitais également mettre au jour quelques rares éclats de lumière dans un monde de ténèbres. Je souhaitais montrer que la guerre n'était pas que ces défilés et ces batailles en noir et blanc, mais une multitude d'histoires minuscules, invisibles, qui méritent d'être racontées."
Le roman fait donc vivre au travers des deux adolescents l’atrocité de la guerre autrement, c’est original et propose une réflexion profonde sur le destin et la condition humaine. Dès les premières phrases on se laisse porter par les ondes…qui ne vont plus nous lâcher.
A lire impérativement et pas seulement parce qu'il a eu le Prix Pulitzer
Anthony Doerr - Toute la lumière que nous ne pouvons voir - Albin Michel - 610 pages - mai 2015 - 23,50 euros