Morgan AUDIC

Bien sûr on présente l'ouvrage comme un thriller mais heureusement c'est beaucoup plus que cela et le rend absolument passionnant.

Il y a d'abord l'arrière plan historique avec l'explosion de la centrale de Tchernobyl le 26 avril 1986 et ses dramatiques conséquences comme l'irradiation, avant leur évacuation, de tous les habitants de Pripiat la ville construite pour le personnel de la centrale puis la création d'une vaste zone contaminée interdite d'accès. Et comme l'histoire se déroule de nos jours dans l'Ukraine devenue indépendante en 1991, on est en plein dans les conflits séparatistes du Donbass après la fausse indépendance de la Crimée, la difficile cohabitation russo-ukrainienne et la misère qui règne entraînant certains à pénétrer dans la zone contaminée, devenue avec le temps une vraie passoire et en ramener des produits ou des objets qu'ils mettent en vente, c'est terrifiant. Cette zone contaminée qui fait même l'objet de visites guidées de touristes, le coût comprenant un dosimètre, encore plus effrayant.
C'est justement un groupe de touristes qui va découvrir le 26 avril 2016, soit 30 ans après Tchernobyl, un corps suspendu à la façade d'un bâtiment de Pripiat et auprès de ce corps une hirondelle empaillée. Le cadavre est celui de Léonid Sokolov, citoyen russe et fils de l'oligarque Vektor Sokolov, ancien ministre de l'énergie en république soviétique d'Ukraine et qui s'est réfugié en Russie dont l'épouse et une amie ont été atrocement assassinées justement à Pripiat le 26 avril 1986, impossible donc de ne pas faire le lien entre les deux affaires. Comme Vektor Sokolov trouve que l'enquête menée par un policier ukrainien, Joseph Melnyk et son adjointe n'avance pas, il charge un policier de Moscou, originaire de Pripiat, Alexandre Rybalko, d'enquêter parallèlement avec pour mission de tuer celui qui a commis le meurtre et ce moyennant un beau paquet de roubles. Rybalko accepte car sa fille a besoin d'une opération très chère et que lui-même est malade, conséquence de son irradiation enfant à Pripiat. On va donc  suivre les deux enquêtes parallèles avec bien sûr leur lot constant de surprises, comme des cadavres avec une hirondelle empaillée ou des disparitions qui jalonnent une course contre la montre pour identifier le tueur, c'est captivant et nous mène à une fin époustouflante dans ce décor apocalyptique. On est vite accroc, c'est un vrai coup de coeur pour cet auteur.

Merci à ma fille Stéphanie de m'avoir offert ce livre.

Morgan Audic - De bonnes raisons de mourir - Albin Michel - 492 p. - novembre 2019 - 21,90 €